L’hôtel de Ménoc, ancien palais de justice en activité jusqu’en 2008 est un espace remarquable, d’histoire, de mémoire encore vive, avec ses planchers vétustes, sa salle d’audience flétrie, son escalier de pierre, sa salle voûtée des pas perdus. La bâtisse impose son pas, plantée dans un tissu urbain serré, où les commerces déclinent, où plusieurs immeubles de petits logements sont en limite d’insalubrité. «On peut y faire le tour sans jamais y entrer !» dit-on à Melle.
Ce caractère austère et autoritaire, emblématique d’une dynamique verticale, cherche ses horizontalités. L’objectif pour la ville est d’en faire un lieu bien plus accueillant, ouvert et connecté aux enjeux et aux autres quartiers de Melle. Malgré les contraintes patrimoniales du monument historique, il semble possible de l’activer par voie tactique, temporaire, transitoire. L’hôte du Ménoc, dans sa vocation de futur coeur battant, va expérimenter une nouvelle capacité, à savoir la porosité, afin de s’inscrire au coeur d’un réseau d’acteurs (culturels, économiques, associatifs), et ce à plusieurs échelles, de l’îlot à l’agglo. L’ancien palais se réécrit ainsi comme un lieu au service d’une maille melloise, concernée par les enjeux de l’époque. En termes physiques, cela signifie a minima une réorganisation spatiale et un système de circulation articulé autour de principes de modularité, d’évolutivité, de mutualisation et d’hybridation.
Cette approche « tiers-lieux », souple et hybride, agit sur un périmètre plus vaste que son implantation. En ouvrant de nouvelles perspectives, le palais du Médoc pourrait être un bouton lanceur, qui impulserait une spirale d’initiatives portées par de nombreux acteurs. Un tiers lieu urbain, pour façonner un « tiers-quartier », c’est-à-dire favorisant les fertilisations les plus diverses. En cela le compagnonnage d’acteurs artistiques et culturels, prompt à tisser, associer, inventer des modes de faire, est particulièrement convoquée.
Les conditions de l’expérience semblent réunies pour engager l’aventure : une offre culturelle importante, une dynamique municipale et un vif engagement citoyen. Et même si la partition du projet Ménoc reste encore à finaliser. Les interprètes sont prêts.
