Ecologie : « Et si un parlement de Loire veillait à une répartition des droits entre les intérêts humains et les intérêts autres qu’humains ? » Et si, pour la première fois en Europe, un fleuve avait la possibilité de s’exprimer et de défendre ses intérêts à travers un système de représentation inter espèces ?, s’interroge dans une tribune au « Monde », un collectif d’acteurs du Val de Loire L’art, le récit, les imaginaires peuvent faciliter la prise de conscience des enjeux climatiques et écologiques. Dans le Val de Loire, un groupe de chercheurs, de professionnels (urbanistes, paysagistes, mariniers, pêcheurs…), d’artistes, d’élus et de riverains est en train d’imaginer ce que pourrait être un « parlement de Loire ». Ce projet vise à définir les formes et fonctionnements d’une assemblée où seraient représentées des entités autres qu’humaines, faune, flore, composantes matérielles et immatérielles du fleuve. Cette démarche territoriale autant que narrative, initiée par le Polau-pôle arts & urbanisme, vise à sortir d’une conception « usagère » de la nature. En se plaçant du point de vue des milieux, de l’organique, du vivant, ils proposent collectivement de sensibiliser les publics aux alertes que manifeste le fleuve. Les préoccupations sont nombreuses : baisse des débits naturels de la Loire, étiages de plus en plus sévères, risques d’inondation élevés, évaporations accrues, pompages excessifs, présence de pesticides, baisse du nombre de poissons, etc. Ensemble, ils poussent le trait jusqu’à imaginer une fiction où la Loire pourrait porter sa(ses) voix, être associée en nom propre aux décisions qui la concernent, jusqu’à devenir sujet de droit(s). Doter la Loire d’un statut juridique A travers un processus d’auditions publiques – les auditions du parlement de Loire – , l’écrivain Camille de Toledo a proposé une mise en récit institutionnelle, au carrefour du droit, de l’anthropologie, de l’économie, de l’art et du politique. Et si le fleuve Loire et les entités qui le constituent pouvaient témoigner des dommages qu’il subit ? Et si le fleuve Loire avait la possibilité de défendre ses intérêts, et notamment, d’intenter des actions en justice en son nom ? Et si le fleuve Loire pouvait siéger dans les instances chargées de sa gestion, notamment par le biais de « gardiens de la rivière », de « traducteurs des valeurs et des intérêts du fleuve » ? Et si un parlement de Loire, chargé de discuter des usages du fleuve, veillait à une plus juste répartition des droits entre les intérêts humains et les intérêts autres qu’humains ? Une Loire dotée d’une personnalité juridique inspire les Ligériens. Ce qui pouvait apparaître il y a peu comme une fiction devient une réalité partout sur la planète. En Nouvelle-Zélande, le fleuve Whanganui, en Colombie, le Rio Atrato sont récemment devenus des sujets de droit. En Europe, d’autres collectifs suivent ; le Rhône, la Seine et le Tavignano en Corse visent une reconnaissance légale à travers la déclaration de leurs droits. Pour la Loire, la démarche « vers un parlement de Loire » est avant tout culturelle. Elle convie des imaginaires autour de sujets liés à l’alerte climatique, elle favorise l’émergence de nouveaux concepts. Elle permet d’expérimenter des actes de création et des gestes de cohabitation, des rituels, des registres d’actions entre arts, sciences (biologie, écologie, anthropologie, droit, géographie…) et des décisions publiques. Une déclaration des droits du fleuve Avec le parlement de Loire, il est question de « donner voix aux assemblages complexes d’humains et non-humains » comme l’indique l’anthropologue Philippe Descola. L’exercice est subtil, juridique, autant qu’éco-psycho-géographique. Ce récit collectif est un jeu sérieux. Il est un prisme d’inversion qui suscite des actions en faveur du ménagement du territoire et des transitions. Le premier acte s’achève. Les assemblées de Loire se sont tenues pendant quatre jours (du 9 au 12 septembre) pour fêter le fleuve vivant, telle une invitation à écouter, regarder de près, sentir, toucher, à reconsidérer le fleuve dans ses différents états. A cette occasion, le rapport des auditions du parlement de Loire a été à l’honneur, sous le titre « le fleuve qui voulait écrire ». Il est un socle de référence pour concevoir des suites, d’autres actes de création, des parcours, un glossaire de Loire, une fresque de Loire, une déclaration des droits du fleuve, une convention ligérienne, etc., pour inspirer d’autres acteurs et d’autres territoires.
Les assemblées de Loire, du 9 au 12 septembre, Tours et Val de Tours – Un événement dans le cadre de la démarche parlement de Loire, initiée par le POLAU-pôle arts et urbanisme Avec la Mission Val de Loire, la Rabouilleuse- Ecole de Loire, l’Université populaire de Tours et de la Terre, la Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire, la Ville de Tours, l’Ecole de la Nature et du paysage de Blois, le COAL-Coalition arts et écologie www.assembleesdeloire.com
Le fleuve qui voulait écrire, mis en récit Camille de Toledo, éditions Manuella Éditions et LLL-Les Liens qui Libèrent, en partenariat avec le POLAU-pôle arts et urbanisme – À paraître le 8 septembre 2021
Signataires
Frédérique Aït-Touati | Historienne de la littérature et des sciences modernes, spécialiste du XVIIe siècle, et metteure en scène de théâtre
Charles Altorffer | Architecte, metteur en scène et plasticien
Marion Amalric | Maîtresse de conférences HDR en géographie, UMR CITERES CNRS- Université de Tours
Jérôme Baratier | Directeur de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours
Michel Baverey | Co-éditeur Manuella éditions
Yann Arthus Bertrand | Photographe, reporter
Chloé Bodart | Architecte Compagnie architecture
Fazette Bordage | Fée des tiers lieux
Catherine Boisneau | Ecologue, enseignante chercheuse , UMR CNRS – CITERES, Ecole Polytechnique de l’Université de Tours (EPU)
Philippe Boisneau | Pêcheur professionnel de Loire
Nejdma Bouakra | productrice LSD France Culture
Sacha Bourgeois-Gironde | Professeur d’économie comportementale à l’université de Paris-2 et chercheur en sciences cognitives à l’institut Jean Nicot (ENS)
Jérémie Bouard | Chargé de projet, Wild Légal
Thierry Boutonnier | Artiste arboriculteur
Thierry Bouvet | Pêcheur professionnel de Loire
Fanny Broyelle | Directrice adjointe responsable des projets et du laboratoire, Pick Up Production-Transfert
Romane Butin | Urbaniste, Ville Ouverte
Valérie Cabanes | Juriste internationaliste
Julie Cabot Nadal | Coordinatrice La canopée bleue – Ecologie profonde et connexion à la nature
Matthieu Calais | Architecte, B. Penneron architectes
Régine Charvet Pello | Designer, RCP Global
Léa Corbière | Etudiante juriste, bénévole à la GARN
Stéphane Cordobes | Conseiller-expert à l’ANCT – Agence Nationale de la Cohésion des Territoires
Cédric Crémière | Ancien directeur de Muséum d’histoire naturelle, consultant & auteur
Rémy David | Enseignant de philosophie, formateur, expérimentateur
Nicolas Delon | Architecte, Encore Heureux
Estelle Demarcke | Fondatrice de La Muse et coordinatrice Kër Thiossane & Fablab Defko ak Niep Jens Denissen | Urbaniste, paysagiste
Cyril Devogel | Architecte
Elisa Dumay | Sociologue, De l’aire
Matthieu Duperrex | Artiste et philosophe
Roberto Epple | Président SOS Loire Vivante – ERN
Pascal Ferren | Philosophe et urbaniste
Nicolas Floch | Plasticien-photographe
Bénédicte Florin | Géographe, Université de Tours, UMR CITERES
Lou Fradkin | Etudiante juriste
Olivier Frérot | L.I.C.H.E.N
Ludovic Gicquel | L.I.C.H.E.N
Barbara Glowczewski | Anthropologue, directrice de recherche au CNRS, pour La Terre en commun
Mathilde Gralepois | Enseignante chercheuse , UMR CNRS – CITERES, Université de Tours, Vice-Présidente à la Transition Écologique
Sylvain Grisot | Urbaniste dixit.net
Patrick Henry | Architecte urbaniste (pratiquesurbaines.fr), professeur énsa Paris-Belleville
Natalia Jaime-Cortez | Artiste
Pierre Johnson | Directeur, Coopération & Transition
Sylvia Lasfargeas et Marine Yzquierdo | Avocates, Notre Affaire à tous
Marianne Le Beguec | Coordinatrice du réseau francophone de Droits de la Nature
Christine Leconte | Présidente de l’ordre national des architectes
Divya Leducq | MCF HDR en aménagement de l’espace et urbanisme UMR CRITERE CNRS
Maud Le Floc’h | Urbaniste, directrice du POLAU- pôle arts et urbanisme
Gilles Lolivier | Peintre
Michel Lussault | Géographe, directeur de l’école Urbaine de Lyon
Sophie Gosselin et David Gé Bartoli | Philosophes, Université Populaire de Tours et de la Terre
François Guerroué | Ligérien nomade
Gilles Malatray | Artiste écoutant et paysagiste sonore.
Corinne Manson | Maître de conférences, Université de Tours, Vice-Présidente du POLAU
Bruno Marmiroli | Architecte paysagiste, directeur de la Mission Val de Loire
Anaëlle Marot | Projet Azur
Madeleine Mathé | Directrice du Centre d’art contemporain Chanot
Isabelle Maton | Responsable pôle livre, Ciclic
Frédérique Monjanel | Architecte
Juliette Mauries | Chargée de mission développement durable, Enedis
Jean-François Nabbe | Vice-Président de Voiles de Loire
Samanta Novella | Fondatrice Nature’s Rights
Myriam Ouddou | L.I.C.H.E.N
Stéphane Pessina | Maître de conférences H.D.R. en droit privé à l’Université de ROUEN-Normandie
Marie-Noëlle Pinson | Directrice adjointe, Ville au Carré
Joan Pronnier | Cheffe de projet COAL – Coalition arts et écologie
Pauline Quantin et Benoit Pinero | Opérateurs culturels, Ligere
Nicolas Rio | Partie Prenante
Barbara Rivière | Responsable urbanisme Saint-Pierre-des-Corps
Xavier Rodier | Archéologue, Directeur de la MSH Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire – CNRS, Université d’Orléans, Université de Tours
Virginie Serna | Archéologue subaquatique, conservatrice en chef du Patrimoine, chargée de mission au Ministère de la culture,
Clément Sirgue | Educateur environnemental, la Rabouilleuse-Ecole de Loire
Theo Sanson | Artiste, The Elemen’Terre project
Marin Schaffner | Auteur, traducteur et éditeur (Wildproject)
Marie Toussaint | Députée du Parlement européen
Marion Veber | Responsable des programmes de la Fondation Danielle Mitterrand
Jacques Vincey | Acteur, metteur en scène et directeur du Théâtre Olympia – CDN de Tours
Lolita Voisin | Paysagiste, directrice de l’École de la Nature et du Paysage de Blois – INSA Centre-Val de Loire
ZAZÜ | Artiste de land art